C’est Disneyland. Le titre d’aujourd’hui (en tous cas son texte) ressemble à une de ces chansons-thèmes d’une production cinéma à grand public sortie de studios californiens (Poursuis tes rêêêêves ! Je n’abandonne jamaaaais !…). C’est la chanteuse australienne Tina Arena qui nous délivre cette interprétation avec son charmant petit accent, en 1999. Cette chanteuse cinquantenaire est une star dans son pays (a participé à l’Ouverture des JO de Sydney), mais aussi en Europe francophone, au travers d’une série de chansons dans notre langue.
Tiré de son album In Deep, qui existe en plusieurs éditions dont une avec des chansons en français, le titre est sorti de la plume d’un certain J. Kapler, qui a signé quelques dizaines de titres de variété française de l’époque.
Avancer dans la vie
Aller plus haut est le souhait de tous les humains (voler comme Icare…). Ici l’ambition n’est pas aéronautique mais philosophique. Avancer, aller plus loin, « aller de l’avant » comme on dit. Le parolier découpe sa réflexion en deux phases.
Tout d’abord (premier couplet), il s’agit de s’affranchir de ce qui a pu, par le passé, entraver l’envol. Faux-semblants, cacher ses différences, ne pas oser s’affirmer devant les autres sont autant de pièges qui nous amènent à devenir un étranger pour soi-même. Personne ne veut, au plus profond de lui, jouer un rôle qui ne lui correspond pas dans la vie.
Ainsi (premier couplet), on peut :
Aller plus haut
Où l’on oublie ses souvenirs [sans doute les mauvais]
Aller plus haut
Se rapprocher de l’avenir [que veulent vraiment dire ces mots ?]
Croire en l’avenir
Fort heureusement, un deuxième couplet vient offrir à ce désir d’essor quelques pistes concrètes pour le présent.
- Retrouver la trace des rêves pour lesquels je vivais
- Savoir s’entourer des amis qui vous soutiennent :
Il faut aussi dire ses doutes
Et les poser dans d’autres mains
Et le refrain change alors. On n’oublie plus ses souvenirs, mais on les dessine. On ne se rapproche plus de l’avenir, on croit en lui !
Tant de personnes aujourd’hui ne croient plus du tout en l’avenir. Il n’y aurait rien à espérer, rien à vivre.
Je cite encore le prophète Jérémie, qui rapporte cette parole adressée au peuple de Dieu dans une situation où il était, lui aussi, privé de toute perspective dans une situation sans issue :
Car je connais les projets que j’ai formés sur vous, dit l’Éternel :
Jérémie 29.11
Projets de paix et non de malheur,
Afin de vous donner un avenir et de l’espérance.
Ces mots très connus de la Bible ont aidé des millions de chrétiens à garder espoir quand la vie ne correspond plus à nos attentes. Les projets de Dieu, eux, sont toujours dignes de confiance !
Du Goldman
Question musique, on a l’impression d’entendre du Goldman… et pour cause ! Ce J. Kapler n’est autre que Robert Goldman, le petit frère de Jean-Jacques qui l’a accompagné très longtemps. Après avoir entendu Tina Arena interpréter la BO du Masque de Zorro, il a écrit une chanson pour elle en lui proposant de l’enregistrer. C’était Aller plus haut, titre n° 1 en Belgique, n° 2 en France et… n° 96 en Suisse (allez comprendre).
Bim bam 4 accords
Contrairement à d’autres musiques plus intéressantes sur le plan harmonique, celle-ci reste simpliste. On joue les 4 mêmes accords magiques tout le long, avec quelques variations ici ou là.
Couplet
Dm Bb C A
Refrain
Dm Bb F C
Pont
Bb Gm F A
Malgré la candeur de la grille, j’aime l’orchestration, avec ses sons synthétiques et sa guitare classique solo. La stéréo est ici importante et prend tout son sens (écoutez-le en mono pour voir la différence). L’arrangeur est Christophe Battaglia, très actif dans toute la pop française de l’époque, surtout aux côtés de Yannick Noah.
Et surtout, le groove impeccable (lui non plus ne sort pas de l’ordinaire, mais ça sonne bien) avec les croches léchées de la basse qui portent le 2ᵉ refrain et au-delà.
Contrechant
Pour « meubler » (= remplir l’espace mélodique) à la fin des Aller plus hauuuuuut, on repère dans les derniers refrains une petite ligne de contrechant, qui donne du mouvement justement quand la mélodie chantée ne bouge plus. Cette technique permet de maintenir la dynamique musicale du morceau.
La chanson termine en fade out, le volume général baissé petit à petit. Mais sur la version album (aussi sur Spotify), on entend le titre… qui redémarre ! (comme la chenille) et qui offre un solo de guitare, électrique cette fois. Se superpose encore le contrechant et quelques improvisations de Tina Arena.
Comme pour dire « ça y est ». On y arrivé. Le décollage a réussi. J’ai confiance en l’avenir !