Sa voix est reconnaissable entre mille. Gaëtan Roussel, qui a fait siffloter et danser la France entière à la fin des années 1990 avec le double disque d’or Louise Attaque, a participé à plusieurs autres formations et projets, dont plusieurs albums en solo.
Cette ballade aborde un sujet d’actualité. Pas parce qu’il fait la une des revues de presse, mais parce qu’il fait la une de nos émotions. La colère, titre sans ambigüité, est « une émotion provoquée par un sentiment de désagrément, de frustration, d’agression face à une situation jugée comme mauvaise pour soi. » (La colère, bonne ou mauvaise ?)
Qui ne se met jamais en colère ?
Chaque jour
Tous les couplets, composés par l’artiste cinquantenaire rouergat, commencent par cette expression. Chaque jour, elle revient, chaque jour, elle nous effleure, chaque jour, il faut s’y faire. Cela peut paraitre à certains (à peine) exagéré. A-t-on vraiment des raisons de se mettre en colère si souvent ?
Eh oui, les frustrations peuvent être nombreuses en une journée ! Que de raisons d’en vouloir à quelqu’un qui n’a pas bien fait son travail, de lutter contre les effets négatifs d’une parole qu’on nous a adressée, de persister dans notre sentiment d’avoir raison contre l’avis de l’autre.
Gaëtan Roussel n’exagère pas en faisant de cette colère le lot de tous les humains, et ce depuis toujours.
Chaque jour depuis des millénaires
Elle revient toujours la colère.
Elle sont tellement nombreuses que le très court pont de la chanson (qui fait entendre quelques notes de koto) mentionne :
À croire qu’elles sont plusieurs
À nous grignoter le cœur.
La Bible parle de la colère
La Bible ne cache pas cette émotion si dangereuse. Elle la place dans les récits de bien des personnes : des « méchants » comme Saül, Haman, les contradicteurs de Jésus, mais aussi dans la vie d’hommes qui servaient Dieu : Jacob, Moïse, Samson…
Le plus surprenant, toutefois, est de réaliser qu’une très grande majorité des emplois du mot colère concerne… la colère de Dieu !
Comment peut-on donc blâmer la colère chez l’être humain si celle-ci est tant présente dans les sentiments que Dieu éprouve ? (Note : c’est une façon de parler de Dieu qui lui prête des traits et sentiments humains qu’on nomme anthropomorphisme ; ceci n’est pas du tout déplacé de parler ainsi du Dieu qui se révèle aux êtres humains.)
Le peuple murmura et cela déplut aux oreilles de l’Éternel.
Nombres 11:1
Lorsque l’Éternel l’entendit, sa colère s’enflamma.
Il nous faut donc arriver à la conclusion que la colère divine reste saine, même sainte, puisque Dieu la vit également ! Elle est une réaction logique à une souffrance ; pour Dieu, c’est la douleur de voir ses créatures s’éloigner de lui ; pour nous, cela peut-être bien des choses aussi.
Je crois qu’elle vient de la douleur.
Que faire
Dieu encourage donc à ne pas évacuer la colère, mais à la maitriser.
Si vous vous mettez en colère, ne péchez pas ;
Éphésiens 4:26
Que le soleil ne se couche pas sur votre colère,
Cette émotion si dangereuse, peut rester bonne si elle ne nous emporte pas dans le mal.
Le clip de la chanson, qui met en scène l’acteur Kad Merad dans plusieurs rôles, montre où peut conduire la colère (jusqu’à détruire un photocopieur avec un extincteur).
Mais il y a toujours cette petite voix en nous qui nous invite à rester maitre de nous-mêmes, à l’image du chanteur qui apparait, discret mais apaisant, dans le clip vidéo. Derrière cette situation banale, il est là pour nous rappeler que la colère peut vite faire jour. Comme la voix de Dieu dans nos vies, qui nous dit « fais attention ! »
Une composition simpliste
Dans un phrasé très Bashung, Gaëtan Roussel livre une chanson plutôt répétitive. C’est d’ailleurs le titre le plus long de l’album (4 minutes 33) alors que, honnêtement, on aurait pu en faire le tour avec 2 minutes de moins.
Mais cette production, lente et presque engourdie, vient d’une certaine manière servir le thème : la colère revient, et revient encore.
Un accord qui cherche l’espoir
Une lueur d’espoir apparait avec un court accord en guise de pause. C’est un accord qui sort de la grille conventionnelle, (axée autour de mi♭ majeur et sa relative do mineur). C’est un accord de ré♭ majeur, qu’on entend par exemple à 1:15 ou 2:32.
Mais la réalité, après une mesure, revient à l’ordinaire, dans la réalité de nos vies… avant de s’emballer complètement !
Les guitares électriques gonflent en saturation sur une partie centrale, mimant ainsi la colère qui gronde, doublée par des cordes qui redoublent d’intensité. Oui, la musique peut exprimer toutes les émotions. On sature !
Il faut terminer en mentionnant l’intégration de l’orchestre à cordes. Ils facilitent la transmission des émotions, pour atteindre le cœur. Que donc message vienne donc nous encourager à bien tenir le gouvernail de nos émotions. Les laisser s’exprimer, mais ne pas se laisser emporter par elles !
