Un classique du heavy metal de 1986 : Master of Puppets, en français « Le Marionnettiste ». Celui qui tire les ficelles (qu’on retrouve sur la pochette de l’album du même nom, qui a été le 1ᵉʳ album de métal à avoir été certifié disque de platine). Ici, la ficelle qui est la plus tirée est sans doute la corde de mi (le mi grave) des guitares !
Des riffs rapides en picking
Les riffs (un enchainement de notes à la guitare) sont rapides ; il y en a 4 principaux dans la chanson, tous basés sur la tonalité de base de la guitare : mi. Aujourd’hui, le métal descend souvent en dessous du mi, grâce aux guitares à 7 cordes, encore très rares dans les années 80, qui ajoutent une corde de si en dessous du mi.
Les guitaristes (il y a souvent deux dans le trash metal) utilisent leur médiator (plectre) avec des mouvements toujours dans le même sens, vers le bas : c’est le downstroke (ce n’est pas le jeu de la mandoline ou du bouzouki par exemple, qui font des allers-retours sur les cordes haut-bas).
Il faut de l’endurance pour tenir le rythme ! (on voit qu’en live, les guitaristes de Metallica « s’économisent » en laissant passant une double croche ici ou là).
Suites chromatiques
Il n’y a pas vraiment de tonalité qui ressort, mais plutôt une « ambiance » faite d’une base (mi, on l’a dit) et de suites chromatiques (évoluant par demi-tons). Jetez un coup d’œil à deux des riffs de la chanson et suivez bien la voix en rouge ; ça bouge à chaque fois d’un demi-ton.
Mesures
Comme beaucoup de metal un peu technique (on fait encore bien plus technique en 2024 !), certaines mesures changent brutalement de chiffrage. Si le 4/4 règne sur tout le morceau, on a ces 5/8 agressifs qui viennent comme donner des coups de fouet à la chanson (C’est là où c’est frustrant, en tous cas pour moi, quand on ne « comprend » pas ce qui se passe !)
Le refrain insère aussi plusieurs demi-mesures (des 2/4 dans les 4/4), mais nous ne nous arrêterons pas plus longtemps.
Une analyse plus poussée (en anglais) de Rick Beato
Le maitre, c’est les drogues dures
Cette chanson parle de drogue (fléau de tous les temps). Selon le parolier, ces substances sont comme un marionnettiste (littéralement le maitre des poupées) qui vient prendre le contrôle de votre vie. L’usager de drogues dures n’est plus maitre de lui-même, mais en vient à agir complètement sous contrôle. C’est le stupéfiant lui-même qui est personnifié dans la chanson :
I’m pulling your strings
Twisting your mind and smashing your dreams
Blinded by me, you can’t see a thingJe tire tes ficelles
(Refrain)
Je trouble ton esprit, je détruis tes rêves
Aveuglé par moi, tu ne peux plus rien voir
La destination, ce n’est pas un secret, c’est la mort. La consommation de drogues dures ne veut pas nous conduire ailleurs.
Obey your master
Your life burns fasterObéis à ton maitre
(Pré-refrain)
Ta vie se consumme encore plus vite
Ça va même encore plus loin dans le troisième couplet :
Where’s the dreams that I’ve beet after?
You promised only lies
Où est ce beau rêve qu’on m’a vendu ?
Tout celà n’était que mensonges
Un trip de 1 minute 15
La partie centrale de la chanson est une métaphore du « trip » du drogué. Il commence à s’envoler à partir de 3’33. De douces guitares, de la douceur. On arrive là sur des grilles d’accords acoustiques, de jolis solos mélodiques. (Metallica dit s’être inspiré de la chanson Andy Warhol de Bowie pour cette partie).
Mais le réveil s’annonce violent. Les guitares (et leur corde de… mi) doublées par la batterie viennent comme des pulsations cardiaques réveiller la personne défoncée (à 4’47). À 5’12, on vient changer de tonalité (un ton plus haut). Comme pour nous rappeler que chaque « réveil » vient nous donner une dose supplémentaire de dépendance à ce maitre. Un solo lourd de James Hetfield est comme un cri de douleur dans la nuit.
La fin de la chanson « retombe » aux riffs du départ. La routine continue, jusqu’à la prochaine dose.
L’aliénation
L’aliénation, c’est quand on appartient à un autre. C’est particulièrement bien rendu par Metallica dans cette chanson, au travers de la métaphore du marionnettiste qui nous contrôle, à qui l’on appartient. Même si on ne le désire pas.
La Bible nous parle d’une aliénation bien plus grave encore que les plus dures des drogues : le mal, qu’elle nomme « péché », offense contre Dieu.
C’est lui notre poison de self-destruction, qui conduit au death’s construction (beau jeu de mot du premier couplet de Master of Puppets). Chacun de nous est comme possédé par un « maitre » qui veut le contrôler, et le conduire sur le chemin de la mort.
C’est là tout le sens et la beauté du message de l’Évangile de Jésus-Christ : le Dieu-Messie est venu en personne pour nous arracher à ce funeste marionnettiste :
Par la mort de Christ, vous êtes vous aussi morts par rapport à la Loi, pour appartenir à un autre, à celui qui est ressuscité, pour que nous portions des fruits pour Dieu.
Romains 7:4-5
Lorsque nous étions encore livrés à nous-mêmes, les mauvais désirs suscités par la Loi étaient à l’œuvre dans nos membres pour nous faire porter de fruits qui mènent à la mort.
Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi !
Galates 2:20
Cette nouvelle « aliénation » est vertueuse : loin de faire de nous une marionnette, elle nous pousse à vivre une nouvelle vie faite de confiance en Dieu, d’obéissance motivée par l’amour, qui nous conduit vers la vie au lieu de la mort.
Obey your master! Mais choisissez le bon.