Un peu de rock aujourd’hui avec cet hymne rock du groupe Within Temptation. La formation néerlandaise a remporté de nombreuses récompenses dans son parcours de presque 30 ans, et s’est fait un nom dans le metal symphonique. Comprenez de bonnes grosses guitares à 7 cordes, une chanteuse plutôt lyrique doublée d’une voix growl, et un accompagnement de type symphonique, laissant une large place aux cordes.
Le titre And We Run accueille un rappeur, Xzibit, pointure dans le rap West Coast (californien), ayant collaboré avec de nombreux artistes. On peut l’écouter par exemple sur Paparazzi, qui sample la sublime Pavane en fa♯ mineur de Gabriel Fauré.
Rap-metal
Ici, il sert son flow (un peu à l’ancienne) de sa grosse voix, mais le mélange avec la rythmique metal fonctionne à merveille. Il est possible de garder la même énergie dans le rap que dans le métal, et cette union entre les deux genres (irréconciliables pour certains, à tort) fait recette.
Finalement, le rappeur prend un peu la place du growler dont je parlais tout à l’heure (celui qui hurle des paroles dans son micro). Les deux types de contribution vocale ont ceci en commun qu’elles ne sont pas mélodiques, mais uniquement rythmiques. Et les deux cohabitent à côté d’une voix mélodique (ici assurée par Sharon Den Adel de Within Temptation).
Progressif, mais pas trop
Une recette classique : on fait progresser l’intensité de la musique au fil de la structure et des couplets. Suivez avec moi :
- on commence avec un piano seul
- on ajoute une guitare rythmique
- la batterie rentre (uniquement grosse caisse)
- chœurs et cordes s’intègrent.
Puis, alors qu’on attendrait un refrain « qui pète » (lachez les guitares), la chanson crée la surprise en restant sur la retenue. C’est presque un pré-refrain, fait de cordes et chœurs, avec une caisse claire de type « marche ».
C’est alors que Xzibit fait son entrée dans le morceau ; c’est là qu’il prend enfin toute sa puissance.
Admirons aussi le beau contrechant des chœurs pendant les parties rappées !
Un rap à deux vitesses
Remarquez que les deux couplets du rappeur contiennent des pulsations différentes. Le premier reste dans l’esprit de l’arrangement rock derrière, c’est-à-dire à la croche. La rythmique de base est
♩. ♩. ♩
(1-2-3, 1-2-3, 1-2)
Xzibit s’insère dans cette même subdivision des temps.
Mais lors de son deuxième couplet (peut-être pour pouvoir caser plus de texte ?), on passe à la double-croche. Écoutez la différence, vous allez comprendre. C’est le moment de la chanson (très visible dans le clip) où il commence à courir (And We Run). Cette accélération s’illustre très bien dans la nouvelle pulsation cadencée par le flow du rappeur..
Nous sommes tous prisonniers
Le récit met en scène une personne écrouée et cadenassée à quelque chose, on ne sait trop quoi. Dans le clip, c’est une sorte de grosse machine avec plein de tuyaux, qui étouffe complètement Xzibit qui joue le rôle du prisonnier, dans un décor en noir et blanc.
C’est en tous cas un lieu où il n’y a aucun amour :
It burns into your heart the darkness that you fear
You were never free, and you never realized
And love is a word you’ve never heardLes ténèbres effrayants consument ton cœur
(Traduction libre)
Tu n’as jamais libre, et cela t’a toujours échappé
L’amour est un mot que tu n’as jamais entendu
La solution est donc de quitter cette prison qui nous enferme. Comment ? En « respirant bien fort », en « courant de toutes tes forces », en « levant la tête », pour atteindre « un cœur céleste ». Courir, courir, pour fuir ce qui nous enferme.
Un paradis de l’autre côté du mur
En parallèle du monde oppressant d’Xzibit, la vidéo de la chanson met en scène un autre monde, plus apocalyptique, mais en couleur, où les membres du groupe Within Temptation semblent, eux, libérés de ce qui les entravait auparavant (on voit les mêmes traces de connecteurs qui les retenait prisonniers).
La chanson est une invitation à courir pour venir rejoindre le côté lumineux, et à détruire le mur qui nous en sépare (Xzibit le fait à mains nues !). Dans ce paradis, c’est enfin la liberté qui nous attend (la chanteuse revêt une tenue évoquant un ange).
I’mma break these chains, ran through the rain
Never look back, never quit, work through the painJe vais briser ces chaines, courir à travers la pluie
(Traduction libre)
Ne jamais regarder en arrière, ne jamais abandonner,
Continuer malgré l’adversité
Désir de briser les chaines
Ce désir de liberté est commun à tous les êtres humains. Vouloir atteindre le ciel, fuir les ténèbres, briser les chaines, est une belle aspiration, qui montre notre attrait pour la liberté.
Or, bien souvent, nous nous construisons nous-mêmes nos prisons intérieures. Desquelles nous ne pouvons plus sortir.
Contrairement à ce qui est présenté cette chanson, il n’est pas toujours possible de s’affranchir de ce qui nous oppresse par ses propres forces. La Bible prétend même que c’est impossible.
Sans moi, vous ne pouvez rien faire !
Jésus, en Jean 15.5.
Nelson Mandela, dans son discours inaugural comme nouveau président de la République d’Afrique du Sud, en 1996, à dit :
Que la liberté règne. Le soleil ne se couchera jamais sur une réalisation humaine aussi glorieuse.
Cette citation, qui apparait au début du clip de Within Temptation et Xzibit, met en avant la réussite humaine en matière de liberté. Et c’est vrai, quand elle réussit, cette réalition est belle. Mais l’histoire nous apprend cette triste leçon : cela ne dure jamais. Le soleil se couche parfois, et la nuit revient.
Ainsi, courons, non pas par nos propres forces, mais vers le but ultime : trouver Jésus-Christ, comme l’exprime l’apôtre Paul :
Je cours vers le but, pour remporter le prix de l’appel céleste de Dieu en Jésus-Christ..
Philippiens 3.14