Des hauts et des basDirty Loops – Roller Coaster

En rentrant d’un mémorable concert du trio suédois jazz-funk Dirty Loops, une chanson a marqué mon esprit : Roller Coaster de 2014. Et je découvre qu’il s’agit d’une reprise d’une chanson de Justin Bieber de l’année précédente, que je ne connaissais pas. Évidemment, la cover (mais pourquoi utilise-t-on cet anglicisme ?) apporte des nuances de couleur musicale presque surmesurées par rapport à l’original.

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Des doubles croches plein les oreilles

Dirty Loops, ce sont des doubles croches dans tous les coins. Tout est précis, millimétré, et appuyé par Henrik Linder, le monstre scandinave de la basse à 6 cordes, qui tendrait presque à faire de l’ombre à l’excellent batteur Aron Mellergård.

Ils cultivent ensemble à merveille l’art de la pêche ; comprenez, l’accent « hors des temps » sur lequel tous les instruments rythmiques se synchronisent. Écoutez par exemple les deux mesures juste avant le refrain, où cuivres, basse et batterie suivent la même rythmique, ou bien carrément la fin du morceau. Dans un groupe, ce sont souvent les pêches qui donnent la pêche (facile) aux musiciens (admirez-les se sourire mutuellement quand ils ont passé ces séquences avec succès).

Pour parler encore un peu de la basse (après un concert comme ça, je ne peux que revendre ma basse pour me remettre au shaker), celle-ci est doublée sur les interludes par une basse synthétique, ce qui renforce ce gros son phat qui tache.

Et pour les plus musiciens d’entre vous, vous pouvez suivre le morceau avec une transcription, pour vous rendre compte de la complexité de l’arrangement :

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Des harmonies plus riches que ce que tu peux te payer

L’harmonisation de Jonah Nilsson (une sorte de Stevie Wonder en puissance pour la voix) est faite sur le modèle de ce qu’il sait faire : partir d’une contrainte mélodique – ici la ligne de Justin Bieber – et construire une progression d’accords qui sonne.

C’est la démarche contraire de ce qui se fait souvent en composition pop :

  1. On cherche des accords – au hasard Do – Sol – Lam – Fa –
  2. On y plaque une mélodie qui convient.

Ici, Nilsson sélectionne dans un catalogue infini d’accords une harmonisation qui apporte des sensations toute différentes de l’original.

Le pré-refrain est une pépite du genre, avec les nappes (son synthétique) qui enveloppent le tout, et la basse qui devient carrée pour calmer la rythmique et servir au mieux l’harmonie :

1)  Fm     G°   Bbm   Ab   G°⁷        Csus4  C
2)  C/Db   Db   D°⁷        E♭sus4     C⁷/E
3)  Fsus4  F    Bbm⁷       Fmaj⁷/A    Dm

Les initiés pourront lire la première phrase comme un mouvement en trois phases :

  1. On tourne autour du fa, note principale de la mélodie
  2. Montée chromatique de la basse pour se rapprocher de ce même fa.
  3. Coup de génie avec cette variation débouchant sur un Fᵐᵃʲ⁷/A puis Dm !

Un refrain entrainant

La force de frappe de ce titre pop, que Bieber avait déjà, c’est le motif “Roller Coaster”, imprimé avec force au début de chaque refrain. C’est souvent ce qui fait une bonne chanson : marquer un thème court, facilement identifiable, que les auditeurs vont garder en tête.

On a tous déjà vécu ça : on ne connait que 2 ou 3 mots de la chanson, et le reste n’a pas de sens pour nous. Pensez au classique « na na-na-na na-na-na na-na-na-na… ¡HEY MACARENA! »

Les montagnes russes émotives

La musique, même survoltée par la reprise de Dirty Loops, reste au service du texte, qui oscille entre des up et des down (décidément les anglicismes me conquièrent).

La musique et le texte servent de métaphore pour notre vie, qui passe par des hauts et des bas, en particulier dans le domaine des relations ; elles ne coulent pas comme un long fleuve tranquille.

« Parfois, les choses vont tellement bien que vous êtes juste heureux ; à d’autres moments, tout s’écroule, et vous êtes tristes ou dévastés. Ces changements peuvent survenir tellement vite ! Mais ils font partie de la vie. » dit Justin Bieber à propos de ces paroles, que beaucoup interprètent comme décrivant sa vie sentimentale avec Selena Gomez, faites de nombreuses ruptures et rabibochages.

« Montagnes russes ! Un instant nous sommes au top, mais juste après tout s’écroule ».

Roller coaster, For a minute we were up, but the next we were falling down.

Traduction libre : « Montagnes russes ! Un instant nous sommes au top, mais juste après tout s’écroule ».

Nous avons besoin de stabilité émotionnelle

Si nous nous fions uniquement aux circonstances de nos vies, nous sommes tous condamnés à vivre au gré des émotions qui l’accompagnent. Et une telle vie manquera cruellement de stabilité, de repère.

Celui qui connait le Dieu de la Bible a accès à une sécurité qui dépasse largement cela. Pensez au prophète Jérémie ; il a vécu tellement de hauts et de bas dans sa carrière de messager de Dieu, qu’il avait besoin d’exprimer, au beau milieu d’une description de tout ce qui est en train de s’écrouler, sa confiance dans un refuge sûr :

Éternel, ma force et mon appui, mon refuge au jour de la détresse !

Jérémie 16.19

À coup sûr, toutes les « montagnes russes » de nos parcours de vie doivent se rappeler et se réapproprier ce cri !

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