Le cocktail de mes bonnes résolutionsTanita Tikaram – Twist in my sobriety

Cette chanson me saisit par l’émotion qu’elle dégage. C’est là la force de la combinaison entre la continuité des harmonies et le filet de voix grave de Tanita Tikaram.

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Cette musicienne londonienne a signé en 1988 son plus grand hit, tout en restant prolifique au fil des années. (En 2020, elle a par exemple publié une chanson chaque dimanche pendant le confinement sur sa chaine Youtube.)

Pas besoin de beaucoup de variation

Il est surprenant de réaliser que trois accords suffisent à nous porter du début jusqu’à la fin : Fm (degré I), Bbm (degré IV) et C (degré V). Pas de modulation. Peu de variation dans l’arrangement. Sauf un élément : le hautbois !

Interprété par une célébrité britannique de cet instrument (Malcolm Messiter), le son perçant des quelques notes rythmiques est une trouvaille exaltante. Avec (lui aussi) très peu de notes, il donne la réplique à la chanteuse sur les refrains, en répondant à la voix gravec suave d’alto par son « cancannement » aigu et clair. (On se souvient du rôle de cet instrument dans Pierre et le Loup de Prokoviev.)

De la nappe à rallonge

Le reste de l’arrangement reste dans les sentiers battus de son époque, et baigne dans les nappes synthétiques et les cordes ; la batterie électronique est présentée sur son lit de réverbe, et demeure dans la retenue tout le long, sans jamais s’emballer. À noter toutefois la folie d’un clac sonore de la caisse claire sur une mesure insérée avant chaque refrain, pour nous donner envie d’y arriver !

Un texte diversement interprété

Cette ambiance atmosphérique laisse donc place au texte. Texte qui, il faut bien le dire, divise les interprètes depuis 35 ans. Certains y lisent le désespoir adolescent, d’autres la mélancolie provoquée par les relations éphémères, d’autres une satyre des gens de foi, d’autres encore une vraie démarche de foi.

Ou encore, – et c’est peut-être celle que je retiens le plus – une critique de l’apathie généralisée face à la misère du monde. Le clip tournée dans un village des reliefs de Bolivie vient appuyer cette interprétation. L’omniprésence de symboles religieux dans ce même clip donne à la spiritualité une place de choix, mais pas toujours dans le beau rôle.

Que font donc les « gens du livre » ?

J’y perçois une critique de tous ce qui se disent « religieux » (tous les God’s children) et qui préfèrent rester insensibles ou indifférents au sort des défavorisés sur notre planète. On préfère s’en laver la conscience (ou les mains, comme Ponce Pilate), et cela crée chez la génération montante (Tanita Tikaram a 19 ans à l’époque) un profond sentiment de découragement.

Si même ceux qui lisent des good books (= les livres sacrés) restent distants, alors où va le monde ? Beaucoup ne font que regarder cette misère de loin, comme le chante le refrain : « Mes yeux sont comme des hologrammes » Autrement dit, ils ne renvoient que ce que les médias veulent bien émettre, et on s’en tient là.

Et combien de paroles sur le « sang de Jésus » (« mes mains qui en deviennent rouges ») sont restées sur le seuil d’une concrétisation réelle de l’amour qui est prêché ?

Remuons-nous, nous les les gens de foi, pour inspirer les générations suivantes

À coup sûr, ce genre d’attitude n’aura jamais une vraie influence sur les bonnes résolutions des générations suivantes : elles ne seront jamais plus qu’une petite « rondelle de citron » dans le cocktail de mes bonnes résolutions :

You’ll never be more than twist in my sobriety!).

Laisson la figure du Christ (qui apparait à visage découvert à la fin du clip) nous conduire dans une mise en pratique de notre foi avec une vraie dimension d’amour pour notre prochain, au près comme au loin.

Ainsi ce verset biblique tiré de la lettre de Jacques : Si vous dites [aux pauvres] : « Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez-vous ! » et que vous ne leur donnez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il ?

Nota bene musicale

Fuyez toutes les reprises de cette chanson ! Celle de Liza Minella est sans âme. Celle du groupe de métal Sirenia n’apporte rien du tout.

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