La cérémonie de clôture de la XXXIIIᵉ olympiade de l’ère moderne (= les JO de Paris) a fait une place à la French Touch, ce courant musical électronique français qui a impacté l’international, avec des artistes comme Air, Phoenix ou encore Kavinsky.
À défaut d’avoir le duo Daft Punk pour la cérémonie, c’est une chanson produite par l’un des deux musiciens casqués, Nightcall, qui est interprétée sous les yeux du monde entier. Le musicien parisien Kavinsky, avec ses lunettes à pupilles rouges et son chewing-gum, a performé son titre de 2010 en invitant la chanteuse belge Angèle à chanter les refrains. (L’original inclut une chanteuse brésilienne, Lovefoxxx.) La chanson a servi de bande original pour le film Drive, qui se passe à Los Angeles (lieu des prochains Jeux olympiques en 2028, d’où le clin d’œil).
L’appel d’un fantôme
Cet appel de nuit est un coup de téléphone depuis une cabine (ça reste anonyme et mystérieux, avant l’ère des portables où on voit tout de suite qui nous appelle).
Cette chanson fait partie d’une série de récits portée par les chansons de Kavinsky. Suite à un accident de voiture causant la mort d’un jeune homme, celui-ci revient hanter les routes sous forme de fantôme (le thème de la chanson 1986).
Dans Nightcall, cette personne décroche le combiné pour venir avouer ses sentiments (bien sûr, trop tard) à une personne qu’il a aimée. Dans le couplet, il lui dit qu’il aimerait bien l’emmener dans sa voiture, mais on peut y voir aussi une invitation à « passer de l’autre côté » (la mort) pour le rejoindre.
I’m gonna show you where it’s dark,
But have no fear
(We’ll go all, all, all night long)
La réponse de l’appelée, dans le refrain, démontre un trouble chez elle. Elle reconnait bien la personne, mais il y a quelque chose de dérangeant.
There’s something inside you
It’s hard to explain
They’re talking about you, boy
But you’re still the same
Dire ses sentiments tant qu’il est encore temps
Que se cache derrière ce texte énigmatique (accentué encore par un cri de loup-garou en introduction) ? Au-delà de la thématique des fantômes et des revenants, c’est une invitation à ne pas attendre qu’il soit trop tard avant d’exprimer ses sentiments aux personnes qu’on aime.
Si nous devons quitter cette vie, les personnes qui resteront derrière nous devront vivre avec les souvenirs que nous lui laisserons. N’est-ce pas un beau cadeau que de leur laisser une expression de nos sentiments ?
Les paroles survivent souvent à ceux qui les ont prononcées, malgré l’adage bien connu « les paroles s’envolent et les écrits restent » !
Les paroles restent
C’est particulièrement le cas pour le Dieu de la promesse, selon ce qui est écrit dans la première lettre de Pierre :
Toute chair est comme l’herbe,
1 Pierre 1.24-25
Et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe.
L’herbe sèche, et la fleur tombe;
Mais la parole du Seigneur demeure éternellement.
Au-delà de la mort, il y a une parole qui résiste toujours. Celle des promesses de Dieu !
Structure de la chanson
L’ossature de la chanson est extrêmement simple : un couplet, un refrain. Le même couplet, le même refrain. Deux séries de quatre accords :
Couplet : Am G/B F Dm (Le deuxième est très joli !) Refrain : F G Em F
Pourtant, malgré la structure uniforme, on ne s’ennuie pas !
Il y a tout d’abord la batterie qui maintient la tension tout le long, en étant bien au fond du temps (ce qui veut dire qu’elle serait presque à chaque fois un peu derrière, à ralentir le tout ; comme un cavalier prudent qui tirerait sur les rênes).
Ensuite, les arpèges du synthétiseur tirent le même fil sur les 4 minutes de la chanson, ce qui suffit à faire avancer l’œuvre.
Des voix synthétiques
Enfin, les voix harmonisées et synthétiques à l’excès (dans lesquelles est incluse celle de Sébastien Tellier, autre artiste électronique français), donnent à cette chanson son côté énigmatique et impénétrable. Elles sont en opposition totale avec la voix claire de la chanteuse sur le refrain. Cela illustre ainsi les deux royaumes infranchissables : celui des vivants et celui des morts, et les deux ne peuvent se comprendre. Il existe d’ailleurs un enseignement de Jésus commentant ce gouffre entre les deux mondes ; c’est l’histoire de Lazare et de l’homme riche.
Il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire.
Luc 16.26
Reprise acoustique
Une belle reprise à signaler du groupe britannique London Grammar. C’est beau, mais on perd cette dualité entre les deux royaumes, puisque tout est chanté par la même personne !