Pour le pire, je suis le meilleurFFF – Le pire et le meilleur

Groupe emblématique de la scène rock française des années 1990, FFF (Fédération française de fonck) a proposé quelques albums au cours de la décennie (aujourd’hui, ils n’existent quasiment plu avec cette formation). Véritables bêtes de scène, les FFF ont joué du fonck, mot-valise qu’ils ont formé à partir du funk et du rock.

Les influences sont en effet ambivalentes, le rock assumé est teinté de bien des musiques « noires ».

YouTube player

Ce titre est un des plus grands tubes du groupe : très énergique, son texte est composé par Marco Prince et sa musique par le groupe en entier.

Punchlines

Outre quelques jeux de mots bien trouvés (« Je serai sale comme une image », « un homme perverti en vaut deux »), c’est le refrain, scandé par des chœurs (tout le monde chante dans le groupe) qui donne le thème :

Capable du meilleur comme du pire
Mais pour le pire je suis le meilleur

Champion pour le pire

Ceci renvoie à la condition de tous les êtres humains. Comme le disait un ami pasteur, « nous sommes tous des spécialistes dans le domaine du péché ». C’est pour le pire que nous sommes les meilleurs, et rarement pour le bien (sauf dans une nouveauté de vie).

La Bible le reconnait à bien des endroits, comme dans ces paroles du prophète Jérémie :

Ce méchant peuple, qui refuse d’écouter mes paroles,
Qui suit les penchants de son cœur,
Et qui va après d’autres dieux,
Pour les servir et se prosterner devant eux…

Jérémie 13.10

Marco Prince met en avant dans son texte le désir (sexuel principalement, c’est à peine voilé) auquel il ne peut résister (« C’est bien plus fort que moi »). C’est ce qu’il appelle « le pire ». Mais ce pire reste la direction qu’il veut emprunter, quitte à renier toute morale :

J’oublie mon amour propre

Je ne supporte pas l’ennui

Question de propreté,
Je change d’avis comme de chemise

La présence de loups dans le clip peut se comprendre à cette lumière : la tentation rôde et tourne autour de nous comme une meute de loups féroces.

C’est ce que la Bible appelle aussi « l’esclavage » du péché :

En vérité, en vérité, je vous le dis, [dit] Jésus,
Quiconque se livre au péché est esclave du péché.

Jean 8.34

Sacrifier beaucoup de choses sur l’autel du mal

Le tribut à payer pour le mal peut être lourd, mais la solution existe, c’est celle de l’Évangile : vivre selon une autre « loi », et marcher dans le pardon offert par Jésus-Christ.

Alors que FFF chante « seules les femmes me pardonnent », l’Évangile proclame une autre vérité bien plus lumineuse : Dieu pardonne nos fautes et oublie les péchés de ceux qui se confient en lui !

Des quintes diminuées

Quelques éléments musicaux sur cette pièce rock aux allures de Smells Like Teen Spirits : un intervalle est très utilisé, la quinte diminuée (qui donne un aspect un peu « effrayant »), aussi nommée triton, parce qu’elle contient trois tons entiers.

L’histoire de la musique nous apprend qu’à certaines époques, cet intervalle était surnommé « le diable », en raison de son caractère dur à l’oreille et de l’ambiance malsaine qu’il peut véhiculer. Pas étonnant qu’on le retrouve à foison dans cette chanson de FFF qui met en scène l’attrait du mal.

On la retrouve dans l’intro et les interludes aux « ouh… », dans les petites réponses de guitare ici et là, et dans le gros orgue qui plaque des accords septième (qui forme le triton avec la tierce) du refrain :

F⁷ (triton la-mi♭)
G⁷ (triton si-fa)
B♭⁷ (triton ré-la♭)
A⁷ (triton do♯-sol)

Il y a d’ailleurs une habile transition sur le premier accord du refrain, qui commence comme un ré mineur, mais qui passe sur le deuxième temps à un Fa⁷.

Rythme haché à la batterie et solo random

Le batteur Krichou suit sur sa caisse claire le riff de guitare un peu partout, sauf dans les refrains. Cela donne une impression un peu hachée et essoufflée au morceau, qui trouve une rythmique plus binaire sur les refrains.

Yarol Poupaud (multi-instrumentiste, d’une famille d’artistes parisienne), livre un solo de guitare sur le bridge quelque peu désordonné. Dans un style hendrixien, ça part dans tous les sens, rythmiquement et surtout mélodiquement. Cela ajoute encore à l’effet anarchique et incontrôlable du morceau.

Si FFF a pu verser dans le meilleur musicalement, c’est peut-être le pire qui, à l’image de nous tous, nous attire vraiment. Mais peut-être, tout à la fin du clip, trouve-t-on un élément de remise en question : Marco Prince se tient la tête dans les mains… peut-être pour réfléchir à où ce mal l’emmènera ?

Inscrivez-vous pour recevoir chaque mois un aperçu de mes publications dans votre boîte de réception.

Je ne spamme pas ! Consultez ma Politique de confidentialité pour plus d’informations.